Histoire du CNDB

Les débuts

Le collège St Joseph, communément appelé le « St Jef » ou encore le « Collège d’en haut » (par opposition au « Collège d’en bas », ancien surnom du Collège communal, aujourd’hui l’Athénée Royal), voit le jour en 1885, sous l’impulsion de Monseigneur Belin, évêque de Namur, des chanoines Lesquoy et Henry, et de l’abbé Smal.

Le nouvel établissement s’installa en avril dans les prairies à travers lesquelles l’avenue Bouvier se tracera plus tard un chemin, en direction de la gare de Virton / Saint-Mard. Fondé par le chanoine Emile Crousse, bâtisseur infatigable, il se veut une réaction de l’enseignement libre aux lois des guerre scolaire de 1879.

Lorsque les cours commencent à la fin octobre 1885 (6 mois après le début des travaux), l’intérieur des bâtiments n’est pas encore achevé. On entend marteler et scier de tous côtés. Toutes les portes ne sont pas placées. Les planchers du second étage ne sont pas terminés. Mais l’histoire du collège est en marche …

Le chanoine Crousse, premier directeur de l’établissement (1885 -1913), sait allier la rigueur de la gestion à l’audace et à la vision de l’avenir, si bien que l’année suivante (en 1887 donc), une annexe est construite, accolée au bâtiment principal, pour accueillir l’école de formation à l’agriculture et à l’horticulture.

 
 
 
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D’autres bâtiments suivront, tels la ferme ou la laiterie. Cette section agricole autonome ne disparaitra qu’un siècle plus tard lors de l’application de l’enseignement rénové.

En 1889, les travaux de construction des batiments pédagogiques s’achèvent enfin. Ne reste que la construction de la chapelle qui sera consacrée le 18 mars 1901 et dédiée à Saint Joseph. A l’intérieur de celle-ci, plusieurs peintures murales retracent l’histoire de la création du Collège.

La première guerre mondiale

En 1913, le Chanoine Léon Loreau, ancien élève du collège, succède au Chanoine Crousse dans la fonction de directeur. L’année suivante devait marquer le début de la première guerre mondiale.

La bataille de Virton (22 et 23 août 1914) voit de nombreux blessés (français et allemands) rassemblés dans la salle vitrée du collège (transformée en infirmerie). Quinze obus tombent sur le collège, l’un d’entre eux faisant sauter le toit de verre qui retombe en débris sur les blessés. Un autre, perçant un mur, ensevelit un groupe de soldats allemands couchés à cet endroit. En tout 52 personnes trouvent la mort.

Au début de 1915, les Allemands transforment la moitié du Collège en maison de convalescence pendant que les cours continuent dans l’autre moitié. Mais en décembre 1916, maitres et élèves (pour majorité des internes) sont expulsés du collège par les allemands qui souhaitent y établir une infirmerie et un lazaret pour leurs troupes. Ils trouvent refuge à l’Institut des Arts et Métiers de Pierrard et ce jusqu’à l’Armistice de 1918. Les classes se donnent alors un peu partout : dans les corridors, les ateliers, voire sur des paliers d’escalier …

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Le chanoine Loreau doit également user de toute sa diplomacie et de sa fermeté durant ces temps difficiles pour sauver les ainés parmi les élèves de la déportation. Une messe est encore célébrée chaque année dans la chapelle du Collège pour marquer sa réussite (Messe du Vœu).

Et pour remercier l’hôte pierrardin de son accueil en ces temps difficiles, le collège offre après la libération les marbres du grand autel de la chapelle de Pierrard. Une peinture murale est également exécutée dans l’une des chapelles latérales du collège. Elle représente, d’un côté, des élèves du Saint Jef’ quittant leur école et, de l’autre, Pierrard qui les accueille.

La seconde guerre mondiale

En novembre 1940, le Chanoine Jean Sampaix devient le 4e directeur du collège, succédant au Chanoine Edmond Lefebvre qui avait repris le poste en 1933, lors de la démission du Chanoine Loreau (qui souhaitait reprendre son poste de professeur de latin au Collège).

Homme entier, doté d’une forte personnalité et décrit par certains comme particulièrement autoritaire, il a la lourde charge de prendre les rênes du collège pendant l’une des périodes les plus troublées du XXe siècle.

Accueil de prisonniers français évadés, hébergement de nombreux luxembourgeois déserteurs ou réfractaires de l’armée allemande, de juifs traqués et d’aviateurs alliés abatus en mission, trafic de timbres de ravitaillement, stock d’armes et de faux papiers,  … le Collège se révèlera le pivot de la résistance en région d’Arlon.

Mais en août 1944, les bâtiments sont réquisitionnés par l’armée allemande qui y installe son Etat Major. Elèves et enseignants sont hébergés au Pensionnat des Sœurs de la Doctrine Chrétiennes jusqu’au 8 septembre, date de la libération de Virton par l’Armée américaine.

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Mais le 23 décembre, le collège est de nouveau réquisitionné, par les Américains cette fois, qui y établissent un hôpital de seconde ligne où se pratique les grandes opérations chirurgicales. Les choses ne reprendront finallement leur cours normal qu’en octobre 1946.

Dans le hall d’entrée du collège, un mémorial aux anciens interpelle le visiteur. Sur une plaque en marbre noir sont gravés les noms des anciens du Collège qui ont donné leur vie pour assurer notre liberté.

L’après guerres

En 1953, l’abbé Antoine Joseph Moureau succède au  Chanoine Sampaix (miné par des problèmes de santé et qui décédera peu après) à la tête du collège.  Une succession un peu précipitée pour un directorat qui ne durera que 3 ans.  

En effet, à  la rentrée de septembre 1956, le Chanoine Abel-Joseph Toussaint reprend la direction du collège qu’il assurera jusqu’en 1977.

Connu pour son humour et sa jovialité, il est extrêmement actif et impliqué dans la gestion du collège. En 1966, il élargit ainsi l’offre d’enseignement par la création d’une section économique et est, durant sa carrière, le régisseur de nombreuses pièces de théâtre jouées par les élèves de rhétorique.

En 1958, il doit également faire face aux conséquences d’un incendie qui ravage en une nuit l’intégralité d’une aile des bâtiments. Il supervisera la reconstruction et l’aménagement de celle-ci dans les années qui suivent (création de la salle de spectacle et des salles de sport).

Il prend sa retraite en 1977, cédant la place à l’abbé Jacques Dropsy.

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Ancien élève du collège, marqué selon son témoignage par plusieurs de ses professeurs qui l’avait initié au sens du Beau, l’abbé Dropsy est responsable de la construction de l’escalier d’honneur, avec sa rampe et son vitrail arrière ainsi que de l’aménagement de divers locaux.

Il est également l’organisateur, en 1985, du centenaire du collège, à l’occasion duquel le bourgmestre de Virton, Jean Culot, accueille diverses personnalités à l’Hôtel de ville (parmi lesquelles Monseigneur Mathen, évêque de Namur).

Le collège Notre Dame du Bonlieu

Mais le centenaire du collège n’est pas le seul évênement d’importance de cette année 1985.

En effet, la rentrée de septembre voit la fusion du Collège avec le Pensionnat de l’Immaculée Conception. Le nouveau complexe est baptisé Collège Notre-Dame du Bon Lieu et cette fusion est l’occasion de nombreux changements.

La mixité tout d’abord. Le Pensionnat était jusqu’alors destiné aux seules jeunes filles, alors que la population étudiante du Collège était exclusivement masculine. La fusion des deux écoles met fin à cette séparation.

Une direction laïc, ensuite. A la rentrée 1985, l’abbé Dropsy céde la place de directeur à l’ancien professeur André Gauché, premier directeur non-issu du clergé. Il est chargé des 2e et 3e degrés. Un autre directeur est sélectionné pour le 1er degré (initialement basé à l’actuel ISF). 

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Et, autre révolution, c’est une femme qui prend en charge cette nouvelle fonction : Anne Marie Lefin, professeur de latin/grec au collège St Joseph depuis 10 ans.

En 1996, une nouvelle réforme voit le rassemblement de l’entièreté du Collège sous l’égide d’une équipe de direction commune (un Directeur, M Gauché et une sous Directrice, Mme Lefin). Une situation qui perdure encore aujourd’hui. 

Ces dernières années

En 1989, sous l’impulsion de la nouvelle direction, un nouveau terrain omnisport est construit entre la cours de récréation et l’avenue Bouvier.

Quelques années plus tard (en 1992), de nouveaux travaux sont engagés afin de faire face au besoin de locaux pour accueillir le flot des élèves du cycle inférieur (qui occupaient auparavant les bâtiments de l’ancient Pensionnat, l’actuel ISF). On assiste à la construction de 8 nouvelles classes au 2e étage du bâtiment latéral (dans l’ancien dortoir St Joseph duquel il avait fallu, au préalable, enlever la centaine de lits et de tables de chevet en chêne massif). Puis en 1998, le plateau réservé jusque-là à l’internat est transformé sur ses deux ailes latérales en 7 nouvelles classes et un centre de documentation pédagogique (l’actuelle salle totem).

Mais toutes ces transformations ne suffisent pas pour, en même temps, loger les plus jeunes et fournir un espace en vue de l’exploitation des nouvelles technologies. C’est pourquoi, en 1999, un nouveau bâtiment voit le jour à côté du terrain omnisports. Le rez-de-chaussée est attribué aux classes de 1e, alors que le premier étage accueille le centre cybermédia (salles informatiques disposant d’ordinateurs reliés à Internet et auditorium avec rétroprojecteur), spécialement conçu et équipé pour préparer les élèves à la maitrise des outils désormais nécessaires à leur insertion dans la vie active.

En avril 2007, M Emmanuel Loreau, professeur au collège, succède à M Gauché au poste de Directeur. A la même date, Mme Lefin cède la place Mme Janssens qui sera remplacée en janvier 2008 par Mme Delphine De Matos. C’est sous l’impulsion de cette nouvelle direction qu’une nouvelle bibliothèque sera créée en 2009 au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment (les élèves de 1ere ayant été transférés dans le batiment principal) et une bibliothécaire à temps plein engagée pour la rentrée de septembre. 

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Lors de cette même rentrée 2009, M Jean Claude Schleich succède à M Loreau à la tête du Collège. Mais son décès soudain en août 2010 voit Mme De Matos assumer seule la rentrée de septembre, le temps que le Pouvoir Organisateur puisse trouver un remplaçant. C’est chose faite en novembre, lorsque M Francis Monhonval devient le nouveau directeur du CNDB. Il est rejoint en septembre 2011 par Mme Nottet qui succède à Mme De Matos au poste de sous directrice.

Suivront de nombreux autres travaux de rénovation (chaudière, électricité, toitures, châssis, cours de récréation, terrains de sports, sanitaires, self de la cafeteria, plafonds , …) et d’expansion du collège : création de locaux classes (dans les anciens greniers et internats, après leur assainissement et isolation), équipement Internet de plusieurs locaux, tableaux blancs interactifs (10 salles), projecteurs interractifs, agrandissement des salles informatiques, …

En juin 2018, Mme Nottet cède la place à Mme Florence Van den Steene au poste de sous-directrice. L’année suivante (septembre 2019), c’est au tour de M Tristan Di Filippo de succéder à M Monhonval en temps que directeur du CNDB.

Enfin, en janvier 2020, une nouvelle équipe de direction, composée de deux anciens enseignants, M Josy Trodoux et Mme Maud Gaillard, reprend les rênes du collège.

Sources

Histoire du Collège d’en Haut … / André Gauché, Anne-Marie Lefin . – Virton : Collège Notre Dame du Bonlieu, 2000

Chapitre XXIX : L’enseignement Dans : Histoire de Virton, des origines à l’an 2000 / Gérard Lambert, Joseph Michel, André Petit, Paul Vaulet . – Virton : Edition des musées gaumais, 1998 p.414

L’ancien collège St Joseph de Virton Dans : Soleil de Gaume : site de l’office du tourisme de Gaume : Panneaux patrimoine https://www.soleildegaume.be/fr/decouvrir/patrimoine/panneaux-patrimoine/15205-50-l-ancien-college-saint-joseph.html